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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 19:29

Dans notre bestiaire européen, l’ours tient une place à part que nous rappelle sa présence dans les Carnavals pyrénéens traditionnels.


Que l’on aille de Prats de Mollo aux bourgades basques en passant par le Béarn, on trouve toujours un épisode du Carnaval où l’ours sort dans la rue pour participer à la fête mais surtout marquer la permanence de symboles millénaires.

L’ours a été vraisemblablement l’un des tous premiers cultes de l’un des tous premiers cultes de l’humanité. Parce qu’il nous ressemble ( il marche debout, s’accouple en face à face), parce qu’il forçait le respect par sa force et que l’affronter était le seul signe de vraie virilité. Il a été jusqu’à l’époque de Charlemagne le vrai roi des animaux, celui dont la toison conférait aux guerriers une invincibilité jamais remise en cause. C’est l’Eglise qui a précipité cette déchéance et a mis en place le lion à la tête des animaux.


Son mode de vie, alternant périodes actives et hibernation, a marqué nos rythmes de vie. La fête de la Chandeleur avant d’être chrétienne fut surtout celle du réveil de la nature, celle où ours et marmottes mettaient le nez dehors pour décider de replonger dans leur tanière ( tutte en gascon) ou ne plus y revenir. J’ai d’ailleurs entendu au Grand Bornand, un proverbe savoyard qui confirme cette date-clé : « A la Chandeleur, l’hiver reprend ou se meurt ».

D'ailleurs cette année, les grues et milans ont pratiqué cette semaine leur migration de retour !


La présence de l’ours dans les Carnavals traditionnels est donc à mettre en lien avec la fin espérée à cette date de la mauvaise saison et au-delà la reprise des activités humaines fondamentales : procréation et sexualité. Car avant d’être l’aimable animal en peluche, l’ours a symbolisé la sexualité à l’état brut et au Moyen Age on soupçonnait des filles de s’accoupler avec les ours dont elles auraient eu des enfants,  poilus certes mais d’une force invincible.

ours-2.jpgDans les Carnavals, où par définition tout est permis, les ours débarquent en ville ; pas des vrais mais de jeunes gens revêtus de peaux, à la face charbonnée et parfois solidement dotés. Toujours dans le cadre d’une permissivité totale mais codifiée, garçons et filles inversent par leur déguisement les rôles.ours 1

Les ours sont excités par des filles vétues de rose ( les rosettes en fait des garçons) qui montrent leurs fesses : ils leur sautent dessus, les mettent à terre et miment l’acte sexuel. Quelques jolies filles du public  (des vraies celles-là) n’échappent pas à l’étreinte.ours 3

C’est alors qu’interviennent les caçayres (chasseurs filles ) qui les poursuivent et les tuent. L’ours est alors rasé (symboliquement déba rassé de sa pelisse) puis interviennent les montreurs d’ours ( oursatès, ou oursalhès en Ariège). Avec leur bâton, ils insufflent à nouveau la vie dans le train arrière de l’animal qu’ils vont enchaîner pour le faire danser….Puis l’animal s’échappe…..

Pour en savoir beaucoup plus, je vous propose le site http://www.carnavalbiarnes.com/ d’où sont extraites les photos.

Avec un animal qui tient une telle place dans notre imaginaire collectif, allez donc vous étonner que sa présence ou non dans les Pyrénées suscite tant de passion.

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commentaires

C
<br /> Pour approfondir le sujet de l'ours dans notre inconscient collectif, il faut absolument lire " l'ours, histoire d'un roi déchu" Michel Pastoureau, Le Seuil, Paris 2007.<br /> <br /> <br />
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