Le dernier week end a permis à Michèle et Jean d'aller se promener dans la barthe . Une petite récréation après deux journées à faire du bois.
Je vous ai déjà expliqué que la barthe est un espace inondable bordant l'Adour de Pontonx à Bayonne. Paradoxalement la partie bordant le fleuve est moins humide que la partie la plus éloignée : en effet les crues ont apporté un bourrelet d'alluvions qui rehausse le niveau moyen de 3 à 4 m, alors que la partie la plus éloignée se trouve même en contrebas d'un mêtre du lit du fleuve,et qu'elle reçoit les eaux de pluie venues des côteaux voisins. La barthe inondée en hiver est donc celle qui se trouve le plus loin du fleuve.
Dans cette partie, le plus souvent en gestion communautaire, sont lâchés des troupeaux de gros ( des Comtois ) et petits chevaux ( 1 m 30 en moyenne) caractéristiques que nous appelons Barthais et qui ressemblent par leur morphologie et leur capacité à vivre dehors toute l'année aux pottoks basques. Ce sont des races très anciennes (des pottoks sont dessinés sur les grottes basques) qui mettent l'hiver un poil très épais, qui se contentent d'une nourriture fruste et qui ont pourtant des performances physiques exceptionnelles.
Le Barthais et le Pottok ont fait carrière dans les mines du Nord et de l'Angleterre à tirer des wagonnets, le Barthais a été le cheval de la plupart des médecins landais dont il tirait la charette tout au long de la journée. C'est d'ailleurs un Barthais qui détient le record du monde toutes catégories du 100 km trot attelé.
Ces chevaux ont failli disparaître dans les années 70 et leur caractère explique leur succès : économiques, harmonieux, extrêmement calmes et doux, ils font aujourd'hui le bonheur des jeunes randonneurs équestres.....et le "malheur" des vétérinaires qui les voient assez rarement.Un joli Barthais que les visiteurs n'effraient pas, souvent d'ailleurs ils recherchent la compagnie de l'homme ( même de ceux qui ne leur apportent pas quelques croutons de vieux pain).
Un corps harmonieux qui le différencie du cheval ariègeois de Mérens qui a certainement la même origine préhistorique (Tarpan) mais n'a peut-être pas reçu de sang arabe des chevaux d'Abd El Raman abandonnés dans la région. Le Mérens est tout aussi rustique mais plus grand de 10 cm et sa musculature lui donne plus de puissance pour le travail : débardage en montagne par exemple. Les Barthais colorés (blanc-brun par exemple comme celui que caresse Jean en vignette) sont recherchés par les centres équestres car ils plaisent davantage aux enfants.
J'ajoute qu'il y a aussi des vaches dans la barthe mais que l'hiver, certains éleveurs préfèrent les laisser un peu plus au sec. Seul le mouton en est totalement absent car il ne supporte pas l'humidité. Tout ce bétail contribue à l'entretien de la barthe ( broute les repousses d'aulnes,les joncs) et à sa richesse faunistique par l'action des sabots qui met à jour une foule d'organismes, insectes, invertébrés qui régalent limicoles, rapaces, cigognes dont je vais vous reparler rapidement.